Procrastiner c’est bon pour le moral et la santé !
- today septembre 16, 2020
Faites-vous partie de ces personnes qui n’hésitent pas à remettre à plus tard des choses considérées comme importantes ? Si oui, votre habitude à procrastiner a certainement dû attirer sur votre personne un feu nourri de reproches de la part de votre entourage personnel ou professionnel. En réalité, notre société a érigé le travail acharné en dogme et par votre procrastination, vous le remettez en question. C’est la raison pour laquelle les procrastinateurs sont plus souvent jugés que compris. L’habitude de procrastiner, comme tous les comportements humains, ne devrait pas être systématiquement fustigée, mais plutôt analysée avec objectivité.
Procrastiner : de quoi s’agit-il ?
La procrastination est l’habitude systématique ou occasionnelle de remettre à plus tard des tâches que l’on estime pénibles. D’emblée, de nombreuses nuances se font jour à partir de cette définition. En tant que procrastinateur, vous avez certainement entendu à plusieurs reprises ce proverbe « Qui remet à demain trouve malheur en chemin », mais en y réfléchissant plus attentivement, on se rend bien compte de la relativité de cette maxime. Il est évident que les conséquences d’une lessive remise à plus tard ne sont pas comparables aux conséquences d’une négligence concernant le paiement de votre facture de gaz en plein hiver. Lorsqu’il s’agit de circonscrire à un individu le concept de procrastination, il faut toujours considérer la fréquence à laquelle il procrastine ainsi que les tâches pour lesquelles il a le plus tendance à le faire. Les procrastinateurs chroniques sont en général peu nombreux, on estime qu’ils représentent en Occident environ 20% de la population. Il est donc fort probable que vous fassiez partie des procrastinateurs occasionnels, cette catégorie de personnes pour qui la procrastination reflète soit un manque d’intérêt, soit une échappatoire devant la difficulté.
Procrastiner : pourquoi vous le faites ?
Il est important d’identifier les activités que vous avez le plus tendance à remettre à plus tard. Loin d’être un signe de paresse, la procrastination doit surtout être comprise comme une introspection, la manifestation de la nécessité d’un changement existentielle. Les tâches qui vous poussent à procrastiner deviennent une occasion de prendre du temps pour soi afin de se redécouvrir. Certes, vous procrastinez, mais dans quel domaine ? Votre couple, votre travail, vos interactions avec vos amis…
80 à 90% des étudiants procrastinent occasionnellement, tout simplement parce que, soit la filière, soit les méthodes d’enseignement ne les intéressent pas vraiment. À l’inverse, combien remettent volontairement à plus tard leur première soirée romantique avec un(e) conjoint(e) longtemps courtisé(e) ? Tout est toujours une question d’intérêt. Ainsi, si vous procrastinez fréquemment par rapport à :
- votre travail : cela peut supposer que vous n’êtes pas passionné par le métier que vous exercez, , qu’il est trop stressant, trop complexe,que vos compétences soient sous-utilisées, etc.
- votre vie de couple : c’est un signe évident de désintérêt, d’ennui, de monotonie, etc.
- votre bien-être : selon qu’il s’agisse d’habitudes saines ou d’hygiène élémentaire, le spectre des causes est vaste et peut s’étendre d’une addiction à une dépression sévère.
Dès que vous aurez compris par rapport à quelles tâches vous procrastinez, il sera plus facile d’en identifier les causes. Mais pour cela il faut d’abord que vous assumiez le fait de prendre du temps pour vous. Vous pourrez ainsi rendre vos moments de procrastination productifs pour relâcher la pression et réfléchir, à ce qui aujourd’hui vous parait important.
Remettre à plus tard : il est temps de s’en déculpabiliser
Il est difficile de le concevoir tant la société condamne ce comportement, mais procrastiner, dans les limites du raisonnable, peut s’avérer bénéfique. Pour le comprendre, il est nécessaire de se déculpabiliser par rapport à la procrastination en se débarrassant de plusieurs idées reçues.
En premier, la croyance selon laquelle productivité rime obligatoirement avec travail acharné. Quel que soit le domaine, les résultats positifs dépendent plus de la qualité des efforts que de leur quantité. Le célèbre président américain Abraham Lincoln affirmait à ce propos : « Si j’avais 6 heures pour abattre un arbre, je passerai les 4 premières à affûter ma hache ». On estime qu’à près de 90%, les Français procrastinent, et pourtant la France est économiquement plus avancée que de nombreuses nations qui ont érigé le travail acharné en religion comme la Corée du Sud. La procrastination peut s’avérer utile pour sélectionner la meilleure stratégie afin de minimiser les efforts et maximiser les résultats. En réalité, il est très fréquent qu’au moment où vous vous détournez d’une tâche qui semble difficile en faisant autre chose, votre cerveau continue en arrière-plan de rechercher des idées pour vous aider à la réaliser. La procrastination rend créatif.
Seconde idée reçue, la procrastination serait synonyme d’apathie ou de mollesse. Bien au contraire, les procrastinateurs ne font rien rarement. Une occupation plus plaisante remplace la tâche jugée pénible. Comme nous l’avons mentionné plus haut, les instants pendant lesquelles vous procrastinez permettent de redéfinir vos priorités. Ils aident à reprendre le contrôle sur des impératifs oppressants ou sans intérêt pour vous. Il est même possible de rentabiliser les activités vers lesquelles vous vous tournez spontanément pendant ces moments. Ce qu’on aime faire est toujours mieux fait que ce qu’on est obligé de faire.
Peut-être, êtes-vous de ceux qui procrastinent en se reposant sans s’investir dans une activité précise ? Si oui, vous faites partie des gens pour qui la procrastination est avant tout un antistress très efficace. Les bénéfices du repos sur la santé et le processus cognitif ne sont plus à démontrer.
Quoi qu’il en soit, prendre du temps pour soi, peu importe ce que vous en faites, n’est pas foncièrement mauvais.
Hommes et femmes : procrastinez mieux
La procrastination, orientée dans le bon sens, peut vous aider dans de nombreux domaines. Comment devenir un pro de la procrastination et à qui ces instants profitent vraiment ?
C’est bien simple, vous devez en premier lieu, déculpabiliser à ce propos tout en vous imposant une certaine limite. La procrastination certes répond à un besoin de souffler, de faire une pause, mais demandez-vous, avant de repousser une tâche, dans quelle mesure cela vous affectera. La limite à votre procrastination est constituée des conséquences que vous ne pouvez assumer.
Analysez ensuite vos moments de procrastination. Profitez-en pour réfléchir, pour écouter les idées qui fusent, ou tout simplement, pour vous détendre. Plutôt que de rédiger ce énième compte rendu, où aimeriez-vous être ? Quelles responsabilités fuyez-vous ? Il est toujours temps de simplifier les tâches, voire de modifier carrément vos objectifs, pourvu que vous preniez le temps de procrastiner pour comprendre ce qui vous rendra vraiment épanoui. Vous pouvez établir par exemple après chaque procrastination une sorte de bilan par écrit, comportant les réponses aux questions suivantes :
- Qu’avez-vous évité de faire ?
- Qu’avez-vous fait à la place ?
- A quoi pensiez-vous ?
Les réponses les plus fréquentes seront de bons indicateurs des changements à apporter dans votre vie. Cependant, si vous procrastinez sur des questions de bien-être (propreté, attitudes nocives à changer), il est impératif que vous parveniez à vous auto-réguler. Le meilleur moyen de le faire est de commencer avec des petits objectifs et de s’auto-féliciter à chaque pas de plus franchi.
Enfin, renseignez-vous pour savoir si votre activité de procrastination peut devenir une source de revenus secondaire ou principale.
Prendre du temps pour soi, pourquoi pas ?
Notre société moderne et progressiste cherche à faire de chacun de nous un travailleur acharné. Vos moments de procrastination sont des actes de résistance muets contre la direction que prend cet idéal dans votre vie. Procrastiner, c’est avant tout faire sien de son temps, loin de ce qui vous a été imposé comme priorité. Certes, même dans un contexte passionnant peuvent apparaître des corvées, mais plus vous procrastinez par rapport à une chose, plus il est évident qu’elle ne vous convient pas. Que ce soit pour faire carrément autre chose ou pour mieux faire, que vous soyez un homme ou une femme, s’il vous plait, prenez du temps pour vous.